mardi 9 septembre 2014

Le harcèlement moral au travail...





Dans "mes historiettes" issues de mon quotidien de surveillant de nuit j'ai succintement et implicitement abordé la question du harcèlement moral dans l'entreprise (*)

Au départ c'est sans aucun doute ce vécu douloureux qui a motivé ce travail d'écriture.

J'ai subi durant trois ans un harcèlement moral incessant dans le but probable de me déstabiliser émotionnellement puis de m'inciter à démissionner ou me faire porter malade après décompensation.
En deux ans on a recensé  dans l'association cinq personnes remerciées ou (très souvent) démissionnaires pour maladie "psychique" (c'est bien sûr leur souffrance au travail qui en est la cause...mais chut...il ne faut pas trop en parler même si  ici on est plutôt coutumier de ce genre d'incident).
Tout ce que je faisais était tourné en négatif et tendait à démontrer que j'étais incompétent.
Moqueries permanentes sur mon travail, ma vie privée, mon apparence, mon comportement....
Directives éducatives contradictoires, dénigrement global directement ou en mon absence (le plus souvent).
Pour mes détracteurs ma collègue était exemplaire tandis qu'on me faisait passer pour incompétent, pas sérieux.
Si mon humour m'a souvent servi, là il m'aura plutôt desservit dans le sens où je faisais l'objet d'une critique globale permanente.
Je suppose qu'ils faisaient cela dans le but évident (maintenant je m'en rend compte) de me discréditer auprès des personnes que nous accompagnons ainsi qu'auprès de la direction.
En permanence on cherchait à provoquer où à suspecter la faute professionnelle.
Pendant ma formation initiale de qualification ainsi que nos formateurs nous incitaient à le faire pour améliorer le travail de l'ensemble de l'équipe, j'avais ramené des documents d'étude que je destinais à mes collègues.
Certains collègues dont Ferdinand dirent que je faisais cela en réaction pour me défendre. (Je lui réserve un chapitre entier à celui-là, il le mérite ce petit chef zélé)
Ce dernier me traita même de réactionnaire.
Sans doute ce Mr ignore-t'il la signification de ce mot et d'abord me défendre de quoi?
En réagissant de la sorte, il m'avouait indirectement son entreprise de déstabilisation.
Il est plus facile de dénigrer une personne et son travail surtout si elle est absente car évidemment comme nous travaillons de nuit nous assistons très rarement aux réunions.
C'est au moment de l'entretien professionnel que  Ferdinand Matuvu notre chef de service de l'époque se montra plus explicite, me conseillant d'aller voir ailleurs et notant sur le document écrit "que mes prises de position" étaient différentes de celle de l'équipe.
Ce qui était totalement faux.
Certes mes avis personnels divergeaient souvent mais jamais je ne les ai montrés ni utilisés dans mon travail.

J'ai toujours appliqué les directives éducatives , toujours suivi les prises de position globales de l'équipe.
Quelques jours plus tard je parlais de mon mécontentement à la direction.
Peu de temps après nous eûmes une réunion: Mme Vertèbre, Mr Matuvu et moi même.
Je fis part du fait que je regrettais son manque de confiance.
Il fit un nouveau document où il me disait déstabilisé par l'entretien et que je regrettais que l'équipe ne me faisait pas confiance.
Il avait déformé honteusement mes propos pour appuyer son entreprise de déstabilisation.
Bien entendu je refusais de signer un tel document.
Je n'étais en réalité nullement déstabilisé mais en colère et en total désaccord  avec ses écrits qui déformaient totalement mes propos et ma pensée

Au lieu de me décourager cette situation m'a plutôt renforcé, incité à comprendre,  devenir prudent puis  à effectuer un travail d'investigation documenté et  analyser la situation en profondeur.

C'est en partie grâce aux travaux de Marie Pezé,  de ses livres et de son site (que je conseille à tout salarié en difficulté) que  j'ai pu comprendre ce que je vivais et que cela faisait  partie d'une méthode de management qui permet d'écarter les indésirables.
Ce n'est pas directement les supérieurs qui vous rendent la vie impossible ce sont aussi des collègues, les chefs de service (manipulateurs, manipulés ou non) qui sont bien souvent les exécutants des basses oeuvres.
Un jour j'avais laissé par mégarde sur le bureau un document sur la manipulation perverse narcissique.
Inutile de vous dire comment "Ferdinand Matuvu" me "souffla dans les bronches".
C'était un document de psycho destiné à un article  Cela n'avait absolument rien à voir avec ma situation (ou plutôt si... mais le plus drôle c'est que je n'avais même pas fait la relation avec le harcèlement que je vivais et dont je n'étais pas totalement conscient) :
Ferdinand ( en colère) : Ah pas de ça avec moi mon petit gars!
Moi: Mais c'est juste un article de documentation de psycho que j'avais oublié de ranger dans mon casier.
Ferdinand: Oui c'est ça! Allez on ne me la fait pas...je ne vous crois pas ...Et pas de ça avec moi!
Hurla t'il à nouveau à mes oreilles.
Vous avez dit démocratie et humanisme au travail?
Vous devez filer doux et suivre le courant sinon on vous écarte .
Cela est vrai dans les entreprises commerciales mais aussi comme ici dans le social où, comble d'ironie, certaines associations comme celle où je travaille  prônent  et affichent fièrement  une pseudo philosophie humaniste.
Si vous avez une personnalité un peu différente, que vous dîtes ce que vous pensez, que vous vous écartez du mode de pensée ambiant dans vos actions  vous êtes bon pour la machine à nettoyer.
Le signe principal d'une mise à l'écart dans le foyer où je travaille est une trop grande complicité avec la population que nous accueillons.
Votre comportement soumis à l'intolérance et/ou à la jalousie de certains collègues est passé au filtre de la rumeur...tiens ça ne vous rappelle pas quelque chose?
L'entreprise, l'association ne se distinguent en rien de l'ambiance politique  générale bien au contraire.
Le monde du travail est soumis aux mêmes influences.
La montée des idées autoritaires et d'intolérance prend sa source dans toutes les strates de notre société et l'entreprise y est  un sacré baromètre.
Nous devons montrer une certaine distance avec les personnes, marquer, rendre visible en quelques sortes notre supériorité sociale, faire preuve d'un autoritarisme insidieux, implicite, rhétorique, avoir une attitude "pyramidale"
Il y a nous (professionnels) d'un côté et plus bas l'handicapé psychique et au dessus nos supérieurs hiérarchiques chacun évoluant dans  sa sphère, sa"communauté de pensée" si l'on peut dire...cherchez bien "la démocratie dans un tel schéma..où tout est soumis au dicta d'un petit groupe qui fait la loi en haut de la pyramide et qui se sert des délégués pour insuffler son mode de pensée et de comportement.
Là aussi ça vous rappelle quelque chose...je suppose.
L'hypocrisie règne ici en maîtresse absolue.
Surtout ne pas dire vraiment ce que vous pensez.
Bien sûr il y a des réunions de concertation, d'analyse de la pratique de régulation etc etc mais ça ne suffit pas à restaurer une véritable démocratie puisque  la décision finale doit être acceptée par les cadres ou la direction .
Il y a ce qu'on dit et ce que l'on sait mais surtout qu'il ne faut pas dire.
Jamais analyser trop les choses en profondeur sinon il y a de la "casse".
Bien évidemment je l'ai déjà dit (mais ne le dirai jamais assez tant m'insupporte l'intolérance en particulier le mépris des personnes différentes...plus souvent ressenti consciemment qu'exprimé directement) ....Il faut éviter de montrer trop d'empathie pour les personnes accueillies.
Plus on est hypocrite plus on est bien vu.
Une résidente me disait l'autre jour à propos d'une situation très banale
" Ben dis donc  ici on ne mélange pas les torchons et les serviettes."
Voyez comme les personnes traumatisées crâniennes peuvent dire certaines vérités qui vont bien au-delà de ce qu'elles même croient au départ.
Je reviendrai plus en détail sur ces analyses au fil de mes historiettes et à travers leur  illustration sur des situations concrètes vécues.
Les histoires (toutes authentiques..juste un peu romancées parfois)... ...témoignent  amplement de ce quotidien difficile.
Voici une fiche pratique empruntée au site "souffrance et travail" concernant le harcèlement dans l'entreprise:

****
Le Harcèlement Moral

Management par le stress ou harcèlement moral?
Stress
Harcèlement

Pression temporelle

Objectifs de productivité dans la tâche prescrite
Injonctions paradoxales
“quantité, qualité, rapidité, sécurité”

Maltraitance psychique
Objectifs d’atteinte à la personne par utilisation des moyens professionnels détournés de leur but productif : missions impossibles, isolement, atteintes à la dignité, menaces

Vertical descendant ou ascendant, horizontal
Individuel, collectif, managérial
Destructeur par essence
Crise identitaire, psychotraumatisme, décompensations psys
Multiplications et interruptions des tâches
Vertical descendant


Individuel, managérial


Destructeur par excès


Epuisement, burn-out, décompensations psychosomatiques


Agissements constitutifs d’une situation de harcèlement
(1)
Systématisation, répétition, durée, visée
individuelle
Ni conflit ouvert, ni altercation ou humiliation isolée


Ni conditions de travail dégradée pour tous


Ni situation d’exigence légitime de travail conforme à la qualification et à la mission, dans conditions ordinaires.


Agissements constitutifs d’une situation de harcèlement


Concernant la tâche (objectifs irréalisables, (2)
consignes paradoxales, absences de consignes, tâches déqualifiées)

Concernant les moyens de travail (privation moyens nécessaires à la tâche prescrite)

Concernant les droits du travail (refus,
menaces sur l’emploi)

Concernant l’évaluation du travail (critiques systématiques tout en reprenant à son compte le travail effectué, critiques paradoxales; indifférences aux résultats; critères non professionnels, changeants )
Agissements constitutifs
d’une situation de harcèlement

Concernant l’évolution de carrière (3)
(obstacles non motivés, répétés)

Concernant les relations de travail : Isolement institutionnel, relationnel, géographique; refus de rendez-vous; déni, projection des difficultés.


Atteintes à la dignité (vexations publiques, moqueries sur apparence, rumeurs, indiscrétions sur la vie privée).


Menaces ou violences verbales ou
physiques.

Risque:
En tomber malade...
Ce n’est pas la situation de harcèlement en elle-même, mais la confrontation à la solitude face à cette situation qui provoque les décompensations.
Vous retrouverez cette fiche (relativement) technique ainsi qu'un grand nombre d'articles d'analyse sur .....

.....le site créé par Marie Pezé: Souffrance et travail(Lien)


(*): Dans cette première partie en ligne depuis plusieurs mois.

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